À l’heure où l’exploitation des ressources est de plus en plus controversée, certains proposent de la déplacer… Dans l’espace ! Mais qu’est-ce donc le minage d’astéroïdes et pourquoi fait-il rêver ?
Cette année, depuis le 22 Août la Terre vit à crédit. Derrière cette expression largement reprise par les médias, se cache un terme scientifique précis : le jour du dépassement. Que signifie-t-il ? Il s’agit du jour où la consommation des ressources par l’espèce Humaine dépasse la quantité que la Terre peut produire en une année. Bien que le jour du dépassement ait reculé cette année à cause de la pandémie du Covid-19, il est inévitable de constater son évolution sur les dernières années : nous épuisons de plus en plus rapidement les ressources de notre planète. Plusieurs pistes sont envisagées afin d’inverser cette tendance. Aussi étonnant que cela puisse paraître, déplacer une partie de notre industrie dans l’espace à l’aide du minage d’astéroïdes est l’une d’entre elles.
Rappelons, tout d’abord, ce que sont ces derniers. Ce sont des résidus de la formation des planètes de notre système il y a quelques milliards d’années, situés pour la plupart dans la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter ou dans la ceinture de Kuiper, au-delà de l’orbite de Neptune. Certains d’entre eux ont une taille de l’ordre de quelques mètres alors que d’autres peuvent presque être considérés comme des planètes naines.
Ces informations permettent de nous poser la question suivante : pourquoi vouloir aller miner des objets qui sont si difficiles d’accès pour le besoin de nos technologies actuelles ? La réponse est étonnamment simple, les astéroïdes sont des nids de ressources rares inexploités. En effet, contrairement à la Terre qui a attiré la plupart des éléments lourds au sein de son noyau il y a des milliards d’années, et qui sont donc inaccessibles aujourd’hui, les astéroïdes sont riches en matériaux rares comme l’or, le cobalt, le fer, le palladium ou encore le platine. De plus, le pourcentage de matériaux rares contenu dans un volume donné est bien plus élevé dans un astéroïde que sur Terre. Prenons comme exemple l’astéroïde Psyche 16, qui pourrait potentiellement contenir suffisamment de fer et de nickel pour couvrir notre besoin en métal pendant des milliers d’années. Le minage d’astéroïdes pourrait également résoudre des problèmes liés à l’industrie minière. Cette dernière est en partie responsable de la pollution de l’air et de l’eau : des composés chimiques dangereux sont utilisés pour extraire ces terres rares. Ils mettent en danger la biodiversité, les travailleurs ainsi que les locaux. Notons également que les ressources rares sont également des outils politiques capables de déclencher des guerres comme celle du Kivu en RDC.
Si cette perspective est effectivement très réjouissante, comment la mettre en œuvre ? Avant de détailler les trois pistes majeures à l’étude, il est primordial de savoir quels sont les astéroïdes à cibler. Ces derniers sont classés en trois catégories distinctes :
- Les astéroïdes de type C, présentant une quantité importante d’eau utile pour des missions spatiales habitées
- Les astéroïdes de type S, présentant peu d’eau mais beaucoup de métaux. Par exemple, un astéroïde S de 10 m possède 650 000 kg de métaux avec 50 kg de métaux rares
- Les astéroïdes de type M sont plus rares mais possèdent 10 fois plus de métaux que les types S
Une fois que l’astéroïde est choisi, on peut donc passer à la récupération des ressources. La première solution est de miner directement l’astéroïde à sa location et de ramener les matériaux sur Terre pour qu’ils soient traités. Cependant, cette idée est peu envisagée. La seconde solution est de travailler et traiter les matériaux sur le site, ce qui permet théoriquement de produire du carburant pour le voyage retour. Enfin, la troisième solution est de capturer l’astéroïde et de le ramener en orbite autour de la Terre ou de la Lune, ce qui permet hypothétiquement d’éviter de gâcher des ressources. Dans tous les cas, le minage d’astéroïdes ne peut être envisagé sans aborder la question du type de propulsion utilisée. La propulsion la plus réaliste est électrique. En effet, de nombreux satellites et sondes l’utilisent déjà et idéalement, il suffirait juste de construire des moteurs plus puissants. Ce choix se justifie par la quantité limitée d’énergie consommable pendant le voyage contrairement à un réacteur classique. Cela permet également de limiter les coûts de production des sondes. En effet, l’argent investi dans l’élaboration de ce projet ne peut être supérieur à la valeur des matériaux rapportés. Supposons maintenant que l’astéroïde, le mode de propulsion et l’un des trois projets discutés ci-dessus sont choisis, comment est-il possible concrètement d’extraire les ressources ? L’idée la plus aboutie jusqu’à présent est celle du Dr. Sercel et son équipe de la société TransAstra. Le but serait d’utiliser des miroirs reflétant la lumière du Soleil pour causer un choc thermique sur la surface de l’astéroïde et casser celle-ci. Les matériaux pourraient alors être collectés.
Bien qu’alléchant, tout ce cheminement n’est prévu ni pour demain ni pour les prochaines années, mais il reste possible d’y travailler dès maintenant car la plupart des technologies présentées dans cet exposé sont déjà partiellement maîtrisées. Laissons-nous rêver et qui sait ? Peut-être que le simple fait d’exploiter la Terre nous paraîtra primitif ou anachronique d’ici quelques dizaines ou centaines d’années !
Sources:
https://en.wikipedia.org/wiki/Asteroid_mining
https://www.technologyreview.com/2019/06/26/134510/asteroid-mining-bubble-burst-history/