On entend de plus en plus parler de la fameuse reconnaissance faciale, mais peu de gens connaissent vraiment les limites et les usages de cette technologie à la fois révolutionnaire et terrifiante. Cet article va tenter de vous donner une bonne idée des capacités actuelles de cette technique ainsi que les usages déjà en cours.
- Quels sont ses limites ?
La première grande question est, quelles sont ses limites ? Peut-elle reconnaître quelqu’un qui change de lunettes, qui se laisse pousser la barbe ou qui se maquille ? La réponse est très clairement oui. Avec l’usage des algorithmes actuels, il est possible d’identifier avec une fiabilité de 100% sous des bonnes conditions de visibilité et de lumière, et ce, même si les sujets sont de vrais jumeaux. Et ce n’est qu’un début, les avancées dans la recherche à ce sujet rendent de plus en plus fiable la reconnaissance de visage partiellement couvert ou sous des angles inhabituels.
Mais bien que cette idée soit déjà terrifiante, ça ne s’arrête pas là ! Il serait même possible pour l’algorithme de décoder vos émotions, votre caractère ou même certaines maladies avant même qu’elles ne se déclarent.
Heureusement il existe encore à ce jour quelques limites. On observe que les algorithmes développés dans le monde occidental ne fonctionnent bien que pour les personnes de type caucasiennes, et inversement, les algorithmes développés en Asie ne fonctionnent correctement que pour les personnes de type asiatique. Mais cette barrière semble bien futile et ne sera probablement plus d’actualité dans quelques années.
- Problèmes d’éthique ?
Il est évident que les gens n’aiment pas être traqués dans leurs moindres faits et gestes. Mais c’est pourtant ce que va mettre en place la Chine avec un ensemble de caméras à reconnaissance faciale et un système de « crédit social » qui évaluera en permanence le statut économique et social de chaque individu. Ainsi, une personne qui brûle un feu rouge et qui est vue par une caméra, verra automatiquement son crédit social diminuer.
Aux États-Unis, certains états se servent de reconnaissance faciale pour tracker les criminels sur des vidéos de surveillance. Cependant, ce système n’est pas très fiable et donne des taux d’erreur atteignant parfois les 20%, ce qui mène à des fausses interpellations. Il est cependant important de noter que depuis cette année, plusieurs villes ont interdit l’usage de cette technologie.
Pour finir par un exemple plus proche de nous, deux lycées français vont installer des caméras à reconnaissance faciale à leurs entrées afin de contrôler la présence des élèves de façon automatique. Ceci se passe à Nice et à Marseille. Bien entendu les parents des élèves et les syndicats de lycéens s’opposent déjà à ces mesures qui posent bien des questions en termes de respect de la vie privée.
- Conclusion :
De plus en plus de gouvernements se demandent s’il faut réguler cette technologie ou au contraire s’en servir à des fins de sécurisation du territoire. Nous publions déjà tous nos visages sur les réseaux sociaux. Avec des algorithmes performants, ils seraient possibles d’en tirer un nombre incalculable d’informations sur nous, ce qui serait une aubaine pour les publicitaires ainsi que les entreprises de Big Data qui ont fait de nos données personnelles leur business principal. Nous invitons dès lors chacun à se renseigner car il est certain que ce débat prendra place dans les prochaines années.
Florian Vranckx
Source :
Science et Vie, n°1225, octobre 2019